Prison de la Stasi
La liste des détenus incluait tout autant des militants du soulèvement populaire du 17 juin 1953 que les communistes réformateurs. Les hommes politiques tombés en disgrâce eux-mêmes ne furent pas épargnés. On compte parmi eux l’ancien ministre des Affaires étrangères, Georg Dertinger (CDU, Christlich Demokratische Union), ou l’ancien membre du bureau politique du SED (Sozialistische Einheitspartei Deutschlands, Parti socialiste unifié d'Allemagne de l'Est), Paul Merker. Même ceux se trouvant à l’Ouest qui critiquaient le SED pouvaient être enlevés par la Stasi pour ensuite être conduits à Berlin-Hohenschönhausen. Ce fut le cas de l’avocat ouest-berlinois, Walter Linse, qui fut kidnappé en 1952 à proximité de son appartement et exécuté un an plus tard à Moscou.
A la fin des années 1950, les détenus du camp de travail voisin situé à l’arrière du site ont dû construire un nouveau bâtiment doté de plus de 200 cellules, ainsi que des chambres pour les interrogateurs. Ce nouveau dispositif remplaça le système des cellules en sous-sol qui prévalait jusqu'alors et fit désormais office de centre de détention provisoire central. Après la construction du Mur de Berlin le 13 août 1961, on y retenait surtout les personnes qui voulaient quitter la RDA. Les opposants au SED, comme le dissident Rudolf Bahro, l’écrivain Jürgen Fuchs ou bien encore Bärbel Bohley, défenderesse des droits du citoyen, furent eux aussi emprisonnés à la prison de Berlin-Hohenschönhausen.
La violence physique des années 1950 fut remplacée à partir des années 1960 par des méthodes de torture psychologique poussées. Ainsi, on laissait les détenus dans le flou le plus total quant à l’endroit de leur centre de détention. Systématiquement, on leur donnait le sentiment qu’ils avaient été transférés dans un "Etat tout puissant". Coupés totalement du monde extérieur et généralement strictement isolés des autres prisonniers, ils étaient interrogés des mois durant par des interrogateurs, particulièrement bien formés pour les inciter à faire des déclarations à charge. Enfin, la Révolution pacifique à l’automne 1989 qui devait lancer la fin de la dictature du SED, conduisit à la dissolution de la Stasi et de ses prisons. Avec l’entrée de la RDA dans la RFA le 3 octobre 1990, la prison de Berlin-Hohenschönhausen fut définitivement fermée.
Cour intérieure du nouveau bâtiment de la prison
Couloir des cellules avec trappe à repas
Cellule avec lit rudimentaire, table, tabouret et vêtements de prison
Une des 120 salles d'interrogatoire de la prison
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